En Suisse, le principe constitutionnel du «peuple souverain» n’est pas théorique. Pour autant que les citoyens helvètes rassemblent 100 000 signatures, tout projet de loi émanant de la société civile (on l’appelle «initiative») doit obligatoirement faire l’objet d’un référendum national.
Un de ces référendums qui s’annoncent dans les deux ans à venir est sans doute le plus étonnant de l’histoire du pays : le nombre de signatures requis est atteint et les Suisses devront décider de s’accorder, ou pas, un «revenu de base inconditionnel» (RBI).
Et pas des cacahuètes puisqu’il s’agirait de l’équivalent de 2 080 € par adulte et 800 € par enfant.
Imaginez-vous un instant citoyens suisses, vous, votre conjoint et vos deux enfants : ce sont un peu plus de 4 650 € d’allocation qui tomberaient sur votre compte tous les mois…
Pour les travailleurs et pour les riches aussi
Cette allocation serait donc universelle : chômeur, étudiant, bambin, patron d’entreprise ou même millionnaire, tous y auraient droit!
Sur son site le Réseau suisse pour un revenu de base défend la proposition en soulignant son équité mais aussi son intérêt par rapport au système de couverture sociale actuel : il permettrait de supprimer les «contrôles avilissants» liés à l’aide sociale ainsi que le côté stigmatisant qui y est parfois lié.
Car si ce RBI pourrait être cumulé avec un salaire ou tout autre revenu, il se substituerait par contre à la couverture sociale classique (chômage, assurance-maladie, aide sociale,…) «jusqu’à concurrence de son montant, indique le texte. Les besoins en sus resteront couverts de la même manière que maintenant.»
Les syndicats n’en veulent pas
En Suisse, la proposition fait évidemment débat.
Si certains, comme l’ancien chancelier de la Confédération helvétique, Oswald Sigg, membre du Parti socialiste, estime que le RBI permettrait aux salariés de discuter d’égal à égal avec des employeurs et ne seraient plus obligés d’accepter n’importe quelle tâche pour des raisons purement financières, les syndicats, eux, y sont opposés.
Ils estiment qu’une telle allocation détériorerait la situation des bas et moyens revenus qui pourraient avoir tendance à quitter un boulot à 40 heures semaine pour un salaire inférieur à l’allocation.
Un raisonnement qui ne vaut pas pour la majorité des Suisses puisqu’au pays du Gruyère le salaire moyen est quand même de 6 000 francs (4 800 €)…

Source: http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=DMF20130527_00316051&utm_source=facebook&utm_medium=socialVV&utm_content=article&utm_campaign=seeding