D’étranges objets datant du IIIe siècle sont retrouvés en Irak dans les années 1930. Après la perplexité des archéologues et les nombreuses expérimentations, les premières hypothèses sont formulées : et si c’était des piles électriques ?
C'est un certain Whilhelm König qui est à l'origine de cette découverte. Dans les années 1930, il trouve dans recoin oublié d'une réserve du musée de Bagdad en Irak, des petites poteries hautes de 15 à 20 centimètres. Il ne parvient pas vraiment à déterminer la fonction de cet objet qui, plus de 70 ans après, reste un mystère.
Un objet inédit
C'est un vase en céramique fermé par un bouchon de bitume, matière très abondante en Irak et excellent isolant naturel. En y regardant de plus près, on voit une tige en fer dépasser. En réalité, elle est elle-même enfermée dans un tube en cuivre. Mais l'assemblage est précis. La tige de fer ne touche pas le cuivre, elle repose sur un petit tampon de bitume posé au fond du tube de cuivre qui est soudé au bouchon de bitume par un alliage de plomb et d'étain.
Le montage est donc assez sophistiqué. Sa fabrication remonte au IIIe siècle, et il ne s'agit pas d'un objet isolé, d'autres semblables ont été retrouvés en Irak. Mais à quoi peut-il bien servir ? Au début les idées n'abondent pas tant il est difficile d'attribuer une fonction à ce vase étrange. Mais avec un peu de temps et beaucoup d'imagination, certains pensent qu'il s'agit de l'ancêtre de la pile électrique.
Véritablement des piles ?
Comment en arrive-t-on à penser que ce sont des piles ? Tout simplement en observant bien l'objet et en le comparant à une pile moderne. Il faut un récipient non conducteur, la vase en terre cuite en est un excellent. Ensuite pour conduire l'électricité, il faut une anode et une cathode. Là encore, les éléments sont présents : la tige en fer pour l'anode et le tube de cuivre pour la cathode. Pour finir, il est nécessaire que tout cet assemblage soit bien isolé, ce qui est le cas avec le bouchon de bitume. La seule différence avec une batterie actuelle c'est que l'objet ne contient pas d'acide, mais cela n'est pas bien difficile à trouver à l'époque. Traditionnellement, l'invention de la première pile électrique est attribuée à Alessandro Volta et datée de 1800. Alors l'hypothèse d'une proto-pile électrique est-elle farfelue ? Pour en avoir le cœur net, des scientifiques ont recréé le mystérieux vase et l'ont testé. Certains d'entre eux ont réussi l'exploit : polariser la pile en utilisant du jus de raisin comme électrolyte, c'est-à-dire comme conducteur et obtenir un courant électrique d'une moyenne de 1 volt.
Des piles mais pour quoi faire ?
L'hypothèse n'est donc pas si folle. Mais le mystère n'est pas entièrement résolu. A quoi servent de tels objets au IIIe siècle de notre ère ? Doit-on s'attendre à trouver des ampoules ou des baladeurs dans les sols irakiens anciens ? Non, bien entendu. L'explicatiohttps://fr.wikipedia.org/wiki/Pile_%C3%A9lectrique_de_Bagdadn se trouve du côté des vases en argent, ou plutôt des vases en plaqué argent. Il est possible de plaquer une fine couche d'argent sur un métal bien moins noble simplement par martelage et chauffe. Mais cela ne vaut pas la galvanoplastie : une technique de plaquage d'argent qui utilise un courant électrique. Une patine bleue caractéristique de cette technique est présente sur les tubes de cuivre, c'est pourquoi aujourd'hui on pense que les piles de Bagdad sont des outils propres aux joailliers de l'époque. Mais pourquoi un simple outil de travail est-il autant entouré de mystère ? Aucun texte ne témoigne de sa fonction et peu d'exemplaires sont retrouvés. Peut-être ces piles ont davantage servi les faussaires qui vendaient des métaux courants au prix de l'argent.
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