En trois ans, deux chercheurs ont enseigné plus de 1.000 mots à une chienne – un border collie – qui, affirment-ils, associe vraiment chaque mot à un objet, voire à une catégorie d’objets.
En 2004, Rico, un border collie, défrayait la chronique : à l’Institut Max Planck, il démontrait qu’il connaissait 200 mots, des noms de jouets qu’il allait chercher en ne se trompant qu’1 fois sur 10. Au Wofford College (Caroline du Sud, États-Unis), Alliston Reid et John Pilley ont voulu chercher la limite avec Chaser, une femelle de cette même race de chien de berger, réputée pour son intelligence et sa docilité. Au bout de trois ans, les chercheurs ont arrêté l’entraînement à 1.022 mots : record pulvérisé. Mais, précisent-ils, c’est parce qu’eux-mêmes n’ont plus de temps à consacrer à cette expérience. Chaser, elle, ne semble pas rassasiée.
Le vocabulaire de la chienne comporte surtout des noms propres associés à des jouets. Les exercices consistent pour Chaser à aller chercher un objet dont on vient de lui donner le nom parmi un lot installé dans une pièce voisine ou derrière un rideau, ce qu’elle réussit 18 fois sur 20. Parfois, il s’agit simplement de toucher l’objet du museau ou de la patte, ce qui montre que Chaser associe le mot prononcé à l’objet et non à l’ordre « d’aller chercher », comme un chien qui saute sur sa laisse quand on prononce le mot « promener » par exemple.
Chaser connaît aussi des catégories d’objets. Elle associe par exemple le mot « toy » (jouet) à tous les objets qu’elle connaît. Chargée de rapporter un « toy » et se trouvant devant un lot d’objets ne comportant qu’un seul jouet parmi le millier qu’elle connaît, elle choisira celui-là. De la même manière, Chaser peut aussi rapporter une « balle » ou un « frisbee ». Selon les auteurs, la chienne est capable d’associer trois mots à chaque objet. Comme Rico, si on lui demande de rapporter un objet dont elle ignore le nom et qu’elle découvre un lot de jouets connus mais comportant un objet qu’elle n’a jamais vu, elle choisira celui-là. Les anglophones peuvent se régaler avec plusieurs vidéos montrant John Pilley ou sa femme donner des ordres à Chaser. Les autres les regarderont en se disant qu’ils auraient beaucoup moins bien réussi l’exercice !
Le résultat, publié dans le journal Behavioural Processes, montre une étonnante capacité de mémorisation d’objets reconnus visuellement et de mots. La capacité à catégoriser les mots est aussi assez étonnante. Les prouesses de Chaser rappellent celles de Primates (à peu près tous femelles, notons-le au passage) capables de manipuler des systèmes de langage divers, dont le langage des signes. On se souvient de Washoe, la pionnière, chimpanzé, morte en 1977, et de Koko la femelle gorille.
Comment ces capacités sont-elles partagées par les races canines ? Les sélections opérées par l’Homme depuis la domestication du chien y sont-elles pour quelque chose ? On ne sait pas, expliquent les auteurs, mais il serait intéressant d’aller explorer de ce côté-là.
Source : http://m.futura-sciences.com/