Bien que reporté pour des raisons financières, le retour de l'Homme sur la Lune est toujours envisagé. Poussée autant par des objectifs scientifiques indéniables que par les propres projets lunaires de l’Inde et de la Chine, la Nasa a planifié un ambitieux programme d'exploration robotique qui nécessitera une nouvelle génération d’atterrisseurs lunaires.
Vue de la Terre, la surface lunaire se caractérise par d’immenses plaines ou bassins parsemés ici et là de cratères plus ou moins importants. Bien que ces régions soient propices à l’atterrissage d’engins robotiques, elles ne font pas partie des objectifs prioritaires de la Nasa. Les sites les plus intéressants pour la science, l'implantation d’avant-poste, voire la construction de bases en dur se situent au pôle sud, une région bien plus accidentée que celles sur lesquelles se sont posées les missions Apollo des années 1970.
Mais pour atteindre ces régions, la Nasa doit se doter d’une nouvelle génération de système d’atterrissage. L’expérience des missions martiennes ne peut pas être mise à profit, car la Lune ne possédant pas d’atmosphère ou seulement à l’état de trace, l’utilisation de parachute ou tout système utilisant l’air est impossible. Pour s’affranchir de cette contrainte forte, la Nasa a mis sur pied un programme qui finance des prototypes d’atterrisseurs lunaires capables de voler une soixantaine de secondes en vol libre, de façon à se poser en douceur sur une très grande variété de terrains plus ou moins accidentés. Il ne s'agit évidemment pas d'envoyer un engin se poser sur les flancs d’un cratère ou tout autre terrain instable, mais plutôt de confier des missions à un engin suffisamment agile et autonome pour choisir un emplacement à l’intérieur d’une zone cible.
Un objectif pour 2025
Cet atterrisseur devra être capable de faire de façon automatique ce qu’a réalisé l'équipage d'Apollo 11 lorsque, à la suite de problèmes techniques, Neil Armstrong a raté le site d’atterrissage initial. L'astronaute a dû choisir un point d'alunissage alors qu’il survolait une zone fortement cratérisée et que la réserve en carburant s’amenuisait dangereusement. Ce qui a été réalisé en 1969 par l'Homme devra l’être par un robot à l'horizon 2025.
Des systèmes de propulsion et de contrôle, aux systèmes de navigation et de positionnement, jusqu’à la nature du carburant, l’architecture et le choix des matériaux, tout est passé en revue. Ces atterrisseurs ne seront pas seulement utilisés pour des missions lunaires. Ils pourront également servir pour envoyer des instruments sur d’autres objets du Système solaire à faible gravité et sans atmosphère comme des astéroïdes, des comètes ou d’autres lunes.
Par Rémy Decourt, Futura-Sciences