Les architectes de demain réfléchissent aux manières de construire des immeubles qui fonctionneraient comme des systèmes vivants, changeant de forme en réponse aux conditions climatiques (vitesse du vent, température, ensoleillement) ou en fonction de ses usages (pour adapter la circulation des personnes, de l’air conditionné ou du chauffage).
Ces premières structures réactives sont déjà en construction, notamment au Bureau des architectures réactives où Tristan d’Estree Sterk travaille à un squelette qui envelopperait les bâtiments. Activé par des “muscles” pneumatiques, il permettrait par exemple à une maison de secouer la neige tombée sur son toit. Des peaux plaquées sur les immeubles, construites en matériaux de nouvelle génération, sauront altérer leurs formes pour suivre le soleil, ajuster la luminosité et capter l’énergie solaire, explique Sterk à Wired. Le MIT organise même une compétition pour fabriquer la musculature d’un mini gratte-ciel.
De quoi renforcer la position qu’exprimait en mars 2006 William J. Mitchell, directeur du nouveau laboratoire “Ré-imaginer le futur” de l’Ecole d’architecture et d’urbanisme du MIT, dans MetropolisMag, sur les villes en 2020 : “Nos villes se transforment rapidement en écosystèmes artificiels, en organismes numériques intelligents, interdépendants et interconnectés. (…) Il est évident qu’inclure l’intelligence dans les objets crée de nouvelles fonctionnalités, mais il est moins immédiatement évident qu’elle en change également leur forme et leur dimension, ainsi que les rapports qu’ils entretiennent dans l’espace”.
À l’appui de ses idées, Bill Mitchell décrit plusieurs projets du MIT : les “concept cars” urbains et pliables du laboratoire Smart Cities, qu’il dirige ; les appartements réactifs du laboratoire House_n, capables de reconnaître les comportements de ses habitants (et de s’adapter à leurs activités, leurs habitudes alimentaires, ou leur condition de santé) ; les parkings intelligents du SenseAble City Lab, qui invitent les automobilistes circulant à proximité à occuper les places vacantes quand ils en cherchent, faisant varier les prix selon les emplacements ou la demande ; ou enfin les travaux de son laboratoire Re-imaginer le futur, créées pour l’Exposition universelle de Saragosse en 2008, comme les fontaines qui permettent de créer des lignes de textes avec de l’eau ou des lumières réactives qui suivent les pas des passants dans la ville.
William J. Mitchell conclut : “Ces projets suggèrent l’apparition d’une nouvelle étape dans l’évolution des villes. Les villes pré-industrielles étaient plutôt des squelettes arrangés pour abriter, sécuriser et utiliser l’espace au mieux. Avec l’ère industrielle, les bâtiments et les quartiers se sont dotés de systèmes d’écoulement et d’approvisionnement pour l’eau, l’énergie, la ventilation, le transport, et l’enlèvement de détritus. Avec leurs entrées, sorties et physiologies artificielles, ils ont commencé à ressembler à des organismes vivants. Aujourd’hui ces organismes développent leurs systèmes nerveux artificiels qui leur permettent de se comporter de manière coordonnée et intelligente. A mesure que les villes et leurs composants deviennent plus intelligents, ils commencent à adopter de nouvelles formes et structures. Ils deviennent programmables. Et la conception de leur logiciel devient aussi cruciale - au point de vue social, économique et culturel - que celle de leur matériel”.