Si vous avez l'habitude de vous promener dans une grande ville, vous avez sans doute remarqué la grande diversité des implantations commerciales. Peut-être avez-vous également constaté que certains types de commerces s'établissent les uns à côté des autres, alors que d'autres se séparent très nettement.
Cette intuition vient d'être confirmée par Pablo Jensen, du laboratoire de physique de l'ENS de Lyon (CNRS, ENS) et de l'Institut des systèmes complexes (CNRS), en combinant des outils propres à la géographie, aux systèmes complexes... et à la physique. Il s'agit tout d'abord de localiser les magasins sur une carte. Une fois obtenues leurs coordonnées précises, il est possible de calculer, comme en physique, leurs coefficients d'attraction et de répulsion, en comparant leurs emplacements réels avec une répartition au hasard.
Appliquée aux 8000 commerces de la ville de Lyon, cette méthode montre par exemple que, alors que les magasins de vêtements ont tendance à se regrouper, les boulangeries se répartissent assez uniformément, et côtoient les boucheries. Le regroupement des activités commerciales selon leurs attractions et leurs répulsions aboutit à une classification très proche de celle utilisée par la Chambre de commerce: les services à la personne, l'alimentation, l'équipement de la maison et l'équipement de la personne.
Cette méthode, qui donne lieu à un article dans Physical Review E, permet aussi de prédire de bons emplacements pour l'implantation de nouveaux magasins. Testée empiriquement, elle sera bientôt utilisée par la chambre de commerce de Lyon pour le conseil aux artisans.